Quand la pluie fait refleurir le désert au Maroc
Après de longues années de sécheresse dans le sud marocain, la pluie est enfin venue en septembre 2024 dans le désert et en quantité importante.
La situation était devenue critique. A commencer par la végétation pourtant adaptée à des chaleurs extrêmes. On pouvait facilement constater que les palmeraies étaient en train de disparaitre et même les acacias radiana du parc national d'Iriki, variété très résistante, commençaient à se dessécher et mourir. Cette disparition progressive de la végétation a un impact direct sur la faune sauvage et les troupeaux. On note par exemple la baisse de la reproduction des espèces. Parmi les espèces réintroduites dans le parc comme l'addax, certaines portées de petits n'ont pas survécus des causes directes de la sécheresse.
La situation environnementale a elle aussi eu un impact direct sur les populations humaines.
Dans le parc national d'Iriki vivent encore des familles nomades qui subsistent par l'élevage et se déplacent au gré des pâturages ainsi que des sources d'eau. Nombre de puits étaient venus à sec, ou il fallait désormais creuser toujours plus profond pour trouver le précieux or bleu. Certaines familles de nomades avaient dû partir de la région pour emmener leurs troupeaux bien plus loin et trouver ainsi de quoi vivre.
Les pluies au sud du Maroc en septembre 2024
Le mois de septembre 2024 a connu exceptionnellement plusieurs épisodes de pluies diluviennes. Le nord du pays ainsi que le sud est du pays ont été concernés.
En quelques heures, les oueds se sont soudainement remplis des pluies locales et de toutes les eaux descendant des montagnes. Les vastes lits de rivière qu'on croise toujours asséchés et démesurément grands pour un si faible volume d'eau sont devenus à peine suffisants pour contenir tous ces torrents charriant tout sur leur passage.
Ces pluies, un cadeau de Dieu, ont été accueillies avec beaucoup de joie et de soulagement même si elles ont causé des dégâts et plusieurs décès. Il était devenu compliqué d'envisager de tenir une année supplémentaire sans eau.
Les différents barrages se sont remplis, tout comme les puits et plusieurs mois après les rivières sont toujours alimentées.
De la pluie dans le désert et au lac Iriki
L'ensemble du Parc National d'Iriki a bénéficié de ces pluies, des dunes de l'Erg Chegaga aux montagnes du Madouar El Kbir.
Les vastes plaines où existait autrefois le lac Iriki se sont vues de nouveau immergées sous des torrents d'eau dévalants du Djebel Bani et rejoint par l'oued Drâa pour retrouver son tracé naturel d'antan. Après avoir été asséché pendant 50 ans, le lac Iriki est désormais de retour en plein désert ! Probablement de façon provisoire puisque nous savons bien que sans pluies régulières ni sans être relié au Drâa, le lac s'asséchera de nouveau.
Mais en attendant, ce spectacle est un émerveillement que nous avons souhaité vous partager. Un événement majeur que nous n'avons jamais eu le bonheur de connaitre depuis notre enfance de nomades dans ces grands espaces.
La flore du Parc National d'Iriki
Avec ces pluies c'est tout une végétation qui renait, créant des champs entiers de verdure sur des terres encore marquées par la sécheresse. Nous allons ici en répertorier plusieurs que vous trouverez à coup sûr dans les dunes de l'Erg El Mhazil jusqu’à Chegaga et autour du village des nomades de Zaouiat Sidi Abdenabi. Si vous avez des connaissances approfondies en botanique ou si vous avez vu d'autres plantes plus loin, n'hésitez pas à nous partager vos informations en nous écrivant ici.
On assiste également au spectacle des troupeaux de dromadaire venant s'abreuver au bord du lac. Les bergers et leurs troupeaux sont de retours. Les animaux en profitent pour se gaver de plantes riches et grasses, un festin exceptionnel !
3 plantes du désert entre Chegaga et Foum Zguid :
Eruca Sativa (la roquette sauvage)
Une plante que l’on connait bien dans nos prairies européennes se retrouve également sur les terres de l’ancien lac Iriki. Elle est reconnaissable à la forme de ses feuilles qui rappellent celles du pissenlit, ses petites fleurs couleur blanc cassé avec 4 pétales, ainsi que son odeur caractéristique, un parfum prononcé de noisette. Lorsqu’on marche au milieu de ces étendues on se retrouve submergé de cette odeur. Quand les feuilles deviennent grandes, le goût est très prononcé et amer. Elle doit alors se consommer cuite. Elle sera aussi séchée pour ensuite être donnée comme fourrage aux troupeaux.
Tetraena Gaetula
Cette plante est caractéristique de la flore saharienne. On la retrouve sur des sols sablonneux, plus ou moins salés. C’est une plante formant des buissons de 30 à 50cm de hauteur avec des feuilles charnues, légérement allongées ou plutôt rondes, de formes aplatie. Les feuilles sont d’une couleur vert tendre à foncé qui tend vers le rouge lorsque l’eau se fait plus rare.
Elle produit des petites fleurs blanches, plus ou moins roses violacées. Le fruit est d’une forme cylindrique étonnante, comme une longue clochette charnue.
En médecine traditionnelle, elle est utilisée pour ses vertues antidiabétiques et antispasmodiques. Elle peut aussi agir comme un anti-inflammatoire.
Dans un usage quotidien, les nomades l’utilisent comme savon car elle contient de la saponine et des flavonoides dans son jus qui sort facilement lorsqu’on écrase les feuilles.
Anastatica Hierochuntica (rose de Jericho)
Surnommée également “main de Meriem » la plante une fois séche est facilement reconnaissable à cette forme de main de branche refermée sur elle-même. En effet, en période sèche, les feuilles disparaissent pour ne laisser que les branchages qui se replient afin de renfermer dans cette boule de bois, les précieuses graines, à l’abri des rongeurs et oiseaux. Lors de pluies, cette main va s’ouvrir pour libérer les graines qui se sèmeront à son pied. Ses feuilles s’étalent alors sur le sol, d’un vert prononcé et légérement velues.
Les vertues de cette plante du désert sont liées principalement à la féminité : régule les cycles menstruels, stimule la fertilité, soulage les désagréments de la ménopause et les douleurs prémenstruelles.
1 : papillon de nuit
2 : Vipérine très rude, Echium asperrimum
3 : Brocchia Cinerea. Cette petite plante aux feuilles épaisses et fleurs jaunes, de la famille de Asteracées, elle est appréciée pour son parfum en bouquet ou dans le thé ainsi qu'en plante médicinale
4 : Pancratium trianthum, le lys du Sahara que l'on identifie facilement grâce à sa fleur blanche comme une couronne et ses étamines. Son bulbe peut rester sous terre des dizaines d'années en attendant les rares pluies sahariennes.
5 : Tetragonia
6 : Zygophyllum
7 et 9 : Tribule terrestre
8 : Eremobium aegyptiacum
10 : non identifiée
11 : Fagonia Glutinosa
Le lac Iriki en eaux, un spectacle rare dans le désert au Maroc
On ne se lasse pas de ce nouveau paysage aussi irréel qu’éphémère. On vous partage donc ici toute une série de photos pour en profiter.
Aller dans le désert au Maroc et au lac Iriki
Après toutes ces belles photos, vous aurez surement l'envie d'aller voir le lac Iriki, les dunes qui l'entoure et en profiter pour vous immerger dans la culture locale.
Plusieurs possibilités s'offrent à vous :
rejoindre le désert depuis Marrakech
Depuis Marrakech, vous pouvez rejoindre le parc national d'Iriki par 2 accès différents :
L'accès le plus court au désert depuis Marrakech est incontestablement par Foum Zguid. En voiture, qu'il s'agisse de votre voiture de location ou un de nos transferts privés, il faudra compter 6h de route en passant par le col du Tizi N'Tichka puis par Tazenakht.
Vous pouvez également rejoindre le désert par la vallée du Drâa. Ce trajet est un peu plus long puisqu'il vous faudra descendre jusqu'à M'Hamid El Ghizlane, environ 7h30 de route, mais vous pourrez voir les belles palmeraies qui passent par Agdz, Zagora puis Tamegroute.
rejoindre le désert depuis M'Hamid El Ghizlane
Une fois à M'Hamid, il vous faudra un 4x4 pour partir vers les dunes de sables. Aux alentours, il existe plusieurs ergs, des espaces de dunes, de plus en plus touristiques. On peut citer l'Erg Lihoudi ou le plus connu l'Erg Chegaga avec la plus haute dune du Maroc. Comptez environ 45min pour y accéder.
rejoindre le désert et le lac Iriki depuis Foum Zguid
Le lac Iriki sera plus proche de Foum Zguid, à proximité des premières dunes du Sahara, celles de l'Erg El Mhazil. A partir de Foum Zguid, il vous faudra partir en 4x4 par la piste caillouteuse. Environ 60km à parcourir dans un décor de savane africaine. Cet accès au désert est le plus sauvage et le plus tranquille. Si vous cherchez un endroit loin des circuits touristiques classiques, c'est par là qu'il faut partir. C'est aussi de cette façon que vous pourrez parcourir les paysages variés du parc national d'Iriki avec par exemple les montagnes millénaires du Medouar El Kbir dont on a un panaroma splendide depuis l'oasis de Laajirmia.
Séjourner dans le désert et le parc national d'Iriki
Là encore plusieurs solutions pour venir découvrir ces splendides paysages :
dormir en bivouac fixe dans les dunes, à l'Erg El Mhazil ou à l'Erg Chegaga
dormir en bivouac sauvage au cours d'un trekking ou un campement éphémère installé par nos soins
dormir chez l'habitant comme dans notre maison d'hôtes qui vous permet un logement insolite et traditionnel au coeur du parc national d'Iriki.
Nous serions ravis de partager avec vous toutes les beautés naturelles de la région d'Iriki. N'hésitez pas à nous contacter et nous organiserons avec vous la formule qui vous convient, sur-mesure.